C’est la découverte d’aquarelles réalisées par un célèbre peintre et graveur , Louis SUIRE (1899-1987), ayant son atelier sur l’Ile de Ré, qui m’amène à évoquer cet aspect de leur production. Ci dessous, vous trouverez un lien détaillant le parcours de cet artiste.

https://www.musee-ernest-cognacq.fr/wp-content/uploads/CAT-Suire.pdf

Courant des années 50, ce dernier avait envoyé à Masse Frères 25 planches aux scènes « bretonnisantes » afin que ces dernières y fussent apposées sur des pièces utilitaires. En les effeuillant, j’allais découvrir l’origine d’un plat à cake (N° de moule 3340) décoré par mon grand-père, qui se trouve en ma possession. Bien sûr, aucune référence à la fabrication desvroise : l’acheteur devait croire à du « Made in Breiz ».

Archives Privées : Utilisation et reproduction interdites

On peut observer sur l’aquarelle ci-dessus à gauche, les extensions de dessin de mon grand-père, pour extrapoler ce dernier sur un plat rectangulaire et non pas sur une assiette, comme c’était initialement prévu !

Sur les photos ci-dessous, extraites d’un catalogue du représentant pour la région Bretagne-Normandie, Mr Briois, on peut observer une partie de la gamme qui était proposée à la clientèle.

Archives Privées : Utilisation et reproduction interdites

Ci-dessous, une assiette vendue chez Drouot, il y a quelques années. Comme on peut le voir, elle est inspirée d’une des planches aquarellées . Elle est signée « Louis Suire », « M.F ». Je doute que ce soit Mr Suire qui ait signé, mais plutôt le décorateur de chez Masse Frères. Comme pour les figurines de Walt Disney, il devait avoir une sorte de contrat sous licence ou « sous autorisation de… »

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Sur les planches ci-dessus, on peut voir les inscriptions manuscrites de mon grand-père qui définit la palette de couleurs  à employer, pour coller le plus fidèlement possible aux désidératas de M. Suire.

Fin des années 50 et début des années 60, les faïenceries françaises pouvaient encore se permettre de répondre à ces commandes spécifiques. Avec la nouvelle donne économique des années 70, le « fait main » deviendra économiquement impossible : ce type de pièce sera réalisé ailleurs, à un coût moindre, et grâce notamment à la technique du « chromo » !

A cette époque, ce type de commandes affluait (développement des congés payés et tourisme, vont de pair !). A tel point, et selon les dires de ma mère, que le personnel devait juste avant l’été, effectuer fréquemment des heures supplémentaires le samedi après midi.
Elle se souvient étant apprentie, récupérer les fameux bols dont les prénoms avaient été inscrits sur ces derniers par les décorateurs, et y tamponner une figurine bretonne. Travail à faible valeur ajoutée, mais qui permettait à la faïencerie de Pornic de faire face à la demande… ou les prémices de la délocalisation !